LES NUITS MOSCOVITES
( LES DISCOTHÈQUES)
ENTRE DEUX
De femme en femme
de fête en fête
je pense
et j’entre
Dans la danse de l’Amour
je danse avec la Mort
Du désir
le Plaisir
je vis la vie des corps
Entre deux pôles du monde
entre deux océans
entre
Deux continents
pays
villes
que j’aime encore
À travers illusions
rêves de la raison
chantre
De ma vision
projeté comme une boule
de l’antre
Du Cosmos
globe roulé
des Espaces
et des Corps
Planétaires
tournoyant
à travers les mondes
Je sonde le Destin
afin qu’il me réponde
Qui suis-je
où vais-je
que fais-je sur les seins
De la terre nourricière
quel était le dessein
Du Créateur sans nom
du Père et de la Mère
Du Créateur sans nom
l’Univers ou la Terre?
DÉSESPOIR DU RAVER
Ombre de toi-même que cherches-tu
Au cœur fou de la discothèque
Dans le battement intemporel
D’un ordinateur-cœur artificiel
Que cherches-tu ombre de toi-même
Je cherche l’heure
Au cœur des battements artifi ciels
Je demande — « Quelle heure quel leurre est-il ? »
Et l’ordinateur me répond :
— « Il est l’heure de comprendre le temps
Danse danse et dans la danse
Tu sentiras le sens de l’ombre
Tout en étant l’essence des nombres
Danse danse danse
Dans une transe mécanique
Crée un Univers volcanique
Détruis l’écorce de ton ombre
Et jaillis Ombre de toi-même
Torrent
fontaine de sang
Projette-toi
dans l’Espace
toi-même
Miroir des Étoiles
reflets
de toi-même
Ton Ombre se dilate
jusqu’à devenir un point
invisible
entre les Constellations
TU ES UNE ÉTOILE !
Ton Ombre se dilate !
Danse Danse Danse
Et dans la transe
Le circuit de ton sang devient Système solaire
Rivière de métaux en fusion
De tonnerre
De fer
Éclairs
Enfer
Rivière de lave et de caresses
Puis enfin DÉSIR
Le
Désir
R
O
U
L
E
Sur la Pente
i
n
cli
n
ée
Des Cieux »
ATTENTION
Ne m’approchez pas
Vous risqueriez de vous brûler les doigts
Je suis une boule de feu
De métal en fusion
Une Comète d’Amour incontrôlable
ATTENTION
Ne m’approchez pas
Je suis une boule de feu
Je suis Feu Flamme Sang
Et rivière de caresses
L’oiseau dansant dans le mouvement océanique
Et dans le vent
Grand Vent souffle sur moi
Et de ton souffle ardent
Éteins
la flamme
qui m’étreint
Jusqu ’Où
vers Qui
vers Quoi
Devrai-je ainsi longtemps voler
Sans avoir pour autre horizon
Que d’être mon propre horizon
COMÈTE D’AMOUR INCONTROLABLE
Devrai-je ainsi longtemps errer
Et enfl ammer le cœur des jeunes Vierges
Et me brûler les ailes à leurs cœurs — Sacrilège !
DJ CHAMAN
I
Le Dj aux mains de soleil
Contrôle la vase
Et dirige le courant
Entraînant dans les tourbillons
Les alluvions de la rivière musicale
Entre les rives des sens
DJ grand chaman du Silence
Et de la nuit de verre
Qui commande la danse
Derrière les cavernes des platines
II
Dans les ténèbres et la fumée
Que le DJ préfère
Où nous sommes tous frères
Danse
danse
danse mon Amour
Contre le mur des corps enflammés
Décor où mon âme se meut
Au rythme des étoiles
Ô croire en cette nuit artificielle
Où les femmes sous un faux ciel
Dansent à perdre l’âme
Dans l’Enfer dans les flammes
-Paradis du Désir-
Au Paradis de votre inspiration
Où je bouge au rythme de votre sang
Délivrez-moi des sensations amères de l’Hiver
III
Danse danse
Et bois la liqueur
Des corps blancs des femmes
Aux cheveux blonds roux bruns verts rouges jaunes
Sous les feux des projecteurs
La Mort l’Érotisme et la Solitude
Mais la musique de l’amour ?
Ces femmes sont des fleurs qui dansent
Sous le rythme des parfums intenses
Jaunes rouges verts — de la lumière
Mais la lumière de l’amour ?
IV
C’est dans la danse que j’ai appris à connaître
L’Harmonie du Silence
Les cordes des étoiles tendues sur l’Univers
Jouant d’un rythme fou
Sur la guitare des Astres
***
« Car les étoiles savent attendre les Poètes
Et les Poètes savent entendre les étoiles
Et parfois les atteindre
Sans jamais les éteindre »
***
Les uns s’ennuient
Les autres dansent
Et d’autres font semblant
Tous attendent…
Qui le Prince charmant
Qui le plaisir d’un moment
Et la vie passe en diagonale
Du Silence qui s’en balance
Dans la Discothèque
Où tout danse
***
Marin aux yeux de feu
Plongeant
Dans les gouffres de la musique
Je nage
Parmi les algues des cheveux
Et récolte la moisson de vos rêves
Au Hasard
Des rencontres
***
Et mon front étoilé plonge dans la savane
Calcinée de lumière et parfumée d’embruns
De ton Corps qui se meut comme une mer sans fin
Dansant à l’Horizon des vagues se pavane
DISCO-MER
I
La discothèque est une mer
Dont les crêtes des vagues
Sont les têtes hérissées de cheveux électriques
Foule mouvante
Foule dansante et chimérique
Dont la marée
Recouvre la plage d’écume de sueur
II
Tes yeux sont deux drapeaux
Surfaces bleues que le vent plisse
Aux mats des navires qui glissent
Sur l’océan salé brisant les peaux
D’où l’écume jaillit en flamme
— L’ombre où je repose mon âme
III
Sous le vent fou de l’Éternité la chair danse
Comme un drapeau flottant dans l’éclair de feu d’or
Que lancent les fanaux perdus des bateaux-corps
Sur l‘océan des musiques qui se balancent
Et chaque solitude en infinie errance
Entend d’un autre appel le signal à bâbord
Et perçoit dans la brume d’un désir d’abord
Ta flamme dans l’Espace Ô lumière qui pense
Et chaque voile suit une autre voile blanche
Qui se lance — pirate — à l’assaut d’un vaisseau
Qui résiste ou se rend à ses nombreux assauts
Telle est de notre vie l’image la plus franche
Et si tu en doutes Voyageur ou Poète
Sur l’épaule du vent repose un peu ta tête
AU PETIT MATIN
I
Le sol est tapissé des rayons du Soleil
La gueule de Moscou s’éveille
Et sa langue d’immeubles
Hurle à travers le ciel
— « Je veux dormir encore
Ivre et ne vivre que la nuit
Danser toute la nuit
Et que le jour jamais ne vienne
Aveugler mes yeux gris
Assoupir ma Mémoire
Et emporter mes songes
Vers des lointains étranges
Tapissés de mensonges
Et des yeux fous des Anges »
Je veux vivre la nuit
Sous les étoiles d’or
II
L’Aube violette
Sur la ville
Et les flaques
De glace
Aux dessins symétriques
Qui craquent
Sous mes pas
Comme tes baisers verts
Que l’océan
Traverse
De
la
Nuit