LE CHANT DU COSMOS
PROLOGUE
Le Temps s’enfuyait
Par les oreilles du Soleil
Et s’éparpillait
Parmi les milliers de constellations…
Le Soleil jouait de la flutte
Sur le clavier des étoiles
Enroulé
Autour du Néant
Ce trou d’ombre
Exhalait un parfum
De notes aériennes
Musique arachnéenne !
I
Tendre amour et tendresse sur la joue du Soleil
Il pleuvait sur la ville des gouttes de vermeil
Des gouttes qui criaient
Éteins-moi étreins-moi !
Il pleurait de l’amour sur Paris en émoi
Sur la ville en délire
où pesait la chaleur
chargée des poussières
Hallucinées du Désir
cannibale et sans tête
aux queues de chaque cœur
Ensanglanté d’amour
Sur la ville en délire
Délire d’été
solaire
Désir d’Éternité
et désir de vivre
parmi des bleuités étranges
Sous le ciel transparent
et de rêver
et de t’aimer
Suivre l’inclination des sens
Et sans penser
laisser aller
et s’élever
Et sans penser
laisser s’envoler
l’existence
Tendre amour et tendresse sur tes joues m’émerveillent !
QUI AIMEZ-VOUS ?
ET QU’Y FEREZ-VOUS ?
II
Êtes-vous ?
Une Oreille du Mystère de la Nuit
pendue au cou du Néant ?
Un pantin désarticulé
projeté dans le ciel
écartelé
Entre les Constellations?
Unes énorme bouche sombre
Qui aspire
tout l’Univers
Qui engloutit
la Lumière ?
Ou êtes-vous
Miroir noir
de la Nuit
le Mystère décapité
de l’étoile écarlate ?
Êtes-vous ?
L’Étoile sifflante
qui file
à travers l’Univers
L’ensanglantant
de sa Lumière?
Êtes-vous LE MYSTÈRE ?
L’ombre l’ombre
Sombre monde
Des secondes
Qui tombent
Les étoiles jaillissent
Des Ténèbres profondes
Comme les catacombes
Se saisissent de l’ombre
Et tordant son cou sombre
Glapissent dans l’éther
QUE NE PORTIEZ-VOUS PAS
LES GANTS DE FEUTRE DU MYSTÈRE
POUR CARESSER L’ÉTHER ? ET RÊVEZ-VOUS DE MOI ?
DITES
QUI PRÉFÉREZ-VOUS ?
Le Soleil jouait de la flutte
Sur le clavier des étoiles
Enroulé autour du MYSTÈRE
III
Hécate
Lorsque tourne mon cœur
dilaté
par l’apesanteur
Lancé
comme un disque
et projeté
comme une balle
Quand il rebondit
dans sa course
à travers le ciel
Contre les parois
de diamant
des Étoiles
Quand tombe
cette idiome
monotone
à travers
les Étoiles
polychromes
Ô Lune
replace
tes belles lèvres de corail
Sur l’énorme bouche
enfiévrée
du Cosmos
Et crie
crie à tue-tête
crie vers ton Féal
qui écrit
La tête à l’envers
Poète renversé
dans le corral
des Étoiles
Crie ces vers
de fêtes saturnales
Qui furent tracés
par une main
magistrale
Ô Hécate
Laisse filer tes chevaux de lumière
entre les Planètes
Et mes vers
s’étirer dans l’apesanteur
traits tirés contre la limite du ciel
entre les Comètes
Et laisse tes cheveux en verre
Ô si beaux
et si haut
Lune
flotter
à travers
l’Univers !
IV
Océans
Ô montagnes d’eau
Adossées aux nuages
De la tête de Séléné
Aux cheveux défaits
Ô chevaux de Fées
Mais qu’avez-vous fait ?
Elle fuit sur les eaux
la fée des marées
qui fait démarrer
les raz-de-marée
Elle vole
et traverse
en voyage
les nuages
au-dessus de l’eau
Survole
l’Horizon
en étages
et la Nuit
nage
sur le dos
Engloutissant
les blondes plages
dans la tourmente
les équipages
Océans
Oh montagnes d’eau
Adossées aux nuages
Hécate !
Maîtresse des saisons
de ma raison
tu détiens le sceptre
de la Passion
Laisse filer tes chevaux de lumière
Ô Hécate
spectre lumineux
du poison
Tu es
ma
Lumière
Mes chevaux de lumière
Filez filez plus vite
à travers mers
et rattrapez la tête de Séléné
qui fuit
qui s’enfuit
plus vite
chevauchant
les nuées
V
Quand les fusées
illuminent
la Nuit
Sur les Toits de Moscou
Les Étoiles
jaillissant
des profondeurs
de la terre
Éclatent à travers l’éther
en torpilles éparpillées
Et coulant dans le ciel
en pleurs
mouillent la Ville
de couleurs
Dans les Yeux écarquillés
d’une fille
souriant
de bonheur
À qui je dis
Un Soleil rouge
Un Soleil vert
Un Soleil noir
Et la Terre
À l’envers
Dans tes regards
Un Soleil vert
Un Soleil noir
Et la Terre
Renversée
Dans tes yeux noirs
Transpercés
De Comètes d’or
VI
Et de Saint-Pétersbourg je lui écris :
L’Aurore
vaisseau fantôme
traverse la nuit
d’or sombre
du Port
Où courent des marins
que mord
la brume blanche
Mais où vas-tu
cité-trésor
ville magique
ville plus grandiose
que l’Aurore ?
Pétersbourg !
Sur la Néva
comme les canards verts
s’élance
mon Idéal
Il s’en va
vers la mer
quand m’emporte
Du vent
tourbillon éphémère
avec les arbres
la Mer
dans le Soleil
amer
Ce frisson violent
de Solitude
aux violons tragiques
Devant l’Univers
dans son Absalon
Aux gants
De cristal
manteau d’Étoiles
avec lèvres
de verre
Que porte
sur ses épaules
d’air
l’Amour
À travers l’Infini
quand sur un Ciel
de Sèvres
J’acclame
dans l’Univers
ton âme
-Saint-Pétersbourg !
VII
Où t’es-tu
cachée
dans l’Espace
Et dans la Voie-lactée
je cherche
ton regard
La faucille du ciel
découpe ta pupille
et tes faux cils
Battant des ailes
se hâtent
vers le Soleil
Mes baisers en furie
filent
vers elle
Et captent
cette Fille des Étoiles
Projeté parmi les gouffres
je frémis de l’étreinte
Et je ris
et je ris
comme un Fou
D’un rire éternel
à travers l’Infini
Puis enfin
je l’engouffre
ÉPILOGUE
L’AUBE MARINE
Mon cœur brûle comme le Soleil
Et vient le rafraîchir ton souffle de rosée
Et pareille à Borée
Qui laisse flotter sur ses lèvres
Des nuées de baisers violets
Une Aurore virginale a surgi
Du berceau de l’ombre liquide
Puis je me laisse tomber
A travers les cerceaux de feu
D’aubes renaissantes
Sous l’arc de tes sourcils
Dans l’arche de tes yeux
Puis ô désastres
LES ASTRES DE TES YEUX
Font des désastres
À l’échelles des Astres
Dans les chaînes des Astres
Et moi le Zoroastre
Ou le Zorro des astres
Je saisis
dans l’Espace
une traîne d’étoile
qui flotte
En point d’interrogation
puis en forgeant
une couronne
Je te pare
d’un diadème en verre
incrusté
de diamants noirs
INTERLUDE
La Fée des trottoirs
sous les Lunes de verre
des réverbères
errait
mélancolique
à travers la ville
Vers les maisons de briques
où des hommes lubriques
faisaient des mines comiques
La Fée des trottoirs
errait à travers la ville
dans un désordre cosmique
OÙ ES-TU ?
ET OÙ VAS-TU ?
ET LES ASTRES DE TES YEUX !
LES ASTRES DE TES YEUX ?
Qu’ils embrasent donc mon front
Ces Soleils vacillants
Frissonnantes étoiles
Et comme d’une voile
de mon front
étendent la toile
Et dans ton souffle
je voguerai
longtemps
Sur l’Océan
de ce ces milliards
d’yeux
étendus
contre
le Soir
Vers Toi
vers Dieu
vers tes prunelles
vers elles
Mille ans
je naviguerai
vers ces impossibles
vers ces impassibles
ÉTOILES